SURFISTA UNE SHAPEUSE MADE IN FRANCE

C’est au détour d’un évènement organisé à Darwin situé à Bordeaux, après plusieurs bières et un bon concert de Lee-ann Curren qu’ Anto s’engouffre dans un hangar pendant que Lorraine ” tchare “. C’est attiré par la curiosité de voir l’ombre d’une planche, qu’il a découvert le travail exposé de Marion. Un très beau longboard, un single et un fish teinté d’orange qu’il a de suite compris qu’il avait à faire à un shapeur ou une shapeuse qui avait du talent. Aujourd’hui est né une collaboration entre SURFISTA & le shop CUSTOMIND pour que la passion et les idées de chacun s’unissent dans des créations de planches de surf, plus belles et personnalisées les unes que les autres. C’est dans le terme “Custom” que l’on reconnait une planche unique qui ravira le surfeur ou la surfeuse. Alors nous sommes impatients de faire les présentations avec cette jeune femme à la fois si modeste,  ambitieuse et généreuse de partager ces belles valeurs !

– Avant toute chose, petit rappel : Rappelons quelles sont les étapes cruciales de fabrication d’une planche ?

  1. Apposer le Template en bois et tracer les courbes de la planche sur le pain de mousse de son choix
  2. Découper à l’aide de la scie l’outline de la planche
  3. Dégrossir le pain de mousse
  4. Travailler les concaves sur le dessous et les volumes sur le dessus ( du rocker au tail )
  5. Raboter la latte de bois
  6. Raboter les côtés pour dessiner les rails
  7. On oublie pas de casser les angles et d’affiner les rails
  8. Cleaner le pain de mousse (enlever la poussière et les imperfections)
  9. Intégrer les côtes de la planche et la signature, ou ton motif ( ton spray, ton dessin, ton tissu …)
  10. Sur l’envers de la planche, apposer la stratification grâce à la fibre de verre et la résine ( tu fais pareil de l’autre côté avec le cutlap : le retour de la fibre)
  11. Laisser catalyser (sécher)
  12. Pose des plugs de dérives et du leash grâce au gabarit
  13. Stratifier les plugs posés grâce à la fibre et à la résine
  14. Ponçage grâce au hotcoat


– Salut Marion ! Merci de nous accorder de ton temps afin de répondre à l’ interview pour Take A Breath Edition  ! Nous avons tous et toutes hâte d’en découvrir un peu plus sur ce qu’il se cache derrière ce pseudo SURFISTA! Mais que signifie t-il ?

SURFISTA part d’un jeu de mot s’inspirant de Fashionista : les filles qui aiment la mode, Surfista : les filles qui aiment le surf.

– On commence tranquillement avec une petite question bateau, quel âge as tu et d’où viens tu ? Racontes nous, ce qui t’a donné envie de mettre ton premier coup de rabot et depuis combien de temps tu shapes? D’où est venu cette envie ?

Je m’appelle Marion, j’ai 26ans, et je suis originaire d’un petit village catalan à côté de Perpignan. L’eau a toujours été mon élément, j’ai grandi à la plage avec les sports de glisse, tous … sauf le surf. ça a toujours été un rêve de m’y mettre. Je me suis donc installée à la suite de mon master dans les Landes, à Hossegor, où j’ai trouvé un stage dans l’industrie du surf en tant que designer chez Euroglass, et finalement, c’est là que j’ai fais mes premières planches.

– Dis nous Marion, quand on regarde ton travail, on remarque une certaine affirmation de style, quelles ont été tes expériences formatrices ?

Question shape, je me suis au début inspirée de modèles existants que j’ai modifié, façonné à ma façon, puis je pense qu’en surfant un type de planche, on se spécialise dans celui-ci qui pour moi a été le style des funboards, des singles aux minimalibus pour aujourd’hui ne surfer que des longboards. Je trouve mon inspiration aujourd’hui dans mes expériences et mes voyages où je découvre de nouveaux shapes, de nouvelles techniques tout en rencontrant de merveilleuses personnes, ravies de partager leur savoir faire. L’Australie m’a aidé en terme de shape, et j’ai découvert pas mal de chose en glass à Bali, alors chaque année lorsque je reviens dans mon petit atelier, je fais un mix de toutes ces informations et voila le résultat!

-Quelles sont les types de boards que tu shapes et celles dans lesquelles tu es le plus à l’aise ?

haaaa, j’y ai un peu répondu à la question précédente , oups!
J’aime shaper les longboards, c’est pas le plus facile car les courbes sont plus longues donc on peut se louper plus facilement haha, et puis j’aime tellement l’esthétique d’un longboard qui va souvent rimer avec résine teintée et polish. Je suis bien plus à l’aise dans les planches non techniques. Je ne fais pas encore de Guns ou de shortboards performances à proprement parlé … Malgré que je m’y entraine fortement!  Notamment grâce à Gabrielle, une petite surfeuse à en devenir que je suis depuis ses débuts et avec qui je progresse moi aussi en lui proposant des planches techniques que je fais évoluer à chaque nouvelle commande.

-Petite question piège (sinon ce n’est pas drôle 😉 ) nous sommes curieux de savoir si tu es plutôt …rabot ou tint ?

C’est en effet une question piège, vous m’auriez plutôt demandé rabot ou ponceuse, le choix aurait été plus facile ! ahah. Les deux étapes me plaisent… Je ne sais pas si c’est possible pour moi de choisir entre le glass ou le shape.. Le shape, c’est donner vie à un bout de mousse, lui donner une âme et c’est là, toute la magie du shape ! C’est pourquoi je ne fais pas de pré-shape ou très rarement, pour une reproduction d’un de mes modèles par exemple. Mais le glass ! Ayant une formation de coloriste, je ne laisserai cette étape pour rien au monde à quelqu’un d’autre ! J’adore chercher des heures pour trouver la bonne teinte, et j’aime glasser ! Alors… les deux 🙂

– Quels sont les shapers qui t’inspirent ?

Ayant commencé chez Euroglass, je me dois de citer Gracy, Phil Grace, je bavais sur les longboards qu’il sortait, souvent avec des lattes assez incroyable ! J’aime le style mythique du grand Mctavish et j’aime l’esthétique depuis toujours des planches de Donald Brink. En Australie , beaucoup m’ont inspiré du côté de Byron Bay tel que « Morning of the Earth Surfboards » dont les shapes sont très intéressants .

– À tes débuts lors de ton apprentissage dans le centre de shape,
Comment t’es-tu senti en tant que femme dans ce milieu masculin ? Et d’une vision plus générale comment la femme est perçue dans ce milieu là ?

Que ce soit dans n’importe quel lieu, je pense qu’étant la seule nana, ça n’aurait pas été facile dans tous les cas. Dans n’importe quel métier manuel, il restera une part de machisme. Bien sûr que ça commence à évoluer dans le milieu du surf car les filles s’y mettent de plus en plus et c’est normal que beaucoup s’intéressent aussi à la fabrication des planches,mais nous avons encore quelques années devant nous avant de nous faire pleinement accepter en tant que femme dans le milieu du shape, et sans critiques. Nous sommes apparemment meilleures pour faire du café que pour fabriquer une planche ahah.

– Même si dans le milieu du surf on y voit de plus en plus de femmes, dans le shape c’est encore underground… Penses tu que çà va se développer ? Et aimerais tu que ça se développe ?

Il y a déjà bien plus de femmes shaper que je ne le pensais ! Aux 4 coins du monde, dont Valérie Duprat MeremadeSurfboards que j’ai rencontré et qui m’a énormément inspiré. J’en ai rencontré en Australie dont « ways away surfboards » avec qui je suis en contact,  et d’autres en Californie. C’est un très beau métier et je suis ravie de voir des femmes s’y mettre d’avantage!

– Parlons de l’Australie, là où tu passes une partie de ton année … Qu’est ce que tu y fais quand tu es là-bas ? Boulot ou vacances ?

J’aimerais répondre vacances mais je n’ai pas de vacances, jamais !  Je travaille énormément lorsque je suis en France, et c’est un peu la même lorsque je suis en Australie ! Je prends juste le temps de surfer car les conditions sont souvent parfaites. J’ai toujours travaillé dans une Surfboards factory , de Coolangatta à Byron bay, j’ai fait pas mal de postes, glasseur , ponceur (ou ponceuse si je puis dire), j’ai fait des hotcoat à longueur de journée, mais ça fait la main et c’est le plus important.

– Pour revenir sur la place de la femme dans le shape, est-elle la même en Australie qu’en france ?

La place de la femme est différente ! Le style de vie ou la manière de penser est différente…  J’ai été accepté dans la première “factory” où je suis passée ! J’ai proposé d’aider à faire des réparations pour me faire 4 sous, ils ont été si étonnés de voir une fille motivée,  qu’ils m’ont donné la chance de faire un essai en tant que “sander” (ponceur) ! Je n’ai jamais eu de problèmes pour trouver du travail dans ce milieu en Australie…  ils ne dissocient pas homme/femme mais regardent plutôt la qualité de notre travail et notre motivation.

– Quels sont tes projets actuels ? Et tes futurs projets ?

J’ai beaucoup de projets que j’essaie de réaliser un par un. Le premier est d’avoir mon propre atelier, je veux mon propre espace pour accueillir du monde, partager, où je pourrais montrer les quelques étapes de fabrication.. J’adore mon métier et j’aime le partage alors ce sera le maître mot de mon futur atelier qui ne devrait pas tarder à voir le jour !
Mes autres projets sont portés sur le voyage, je souhaiterai continuer à voyager pour découvrir plus de shapers et de techniques pour enrichir mes connaissances mais j’ai du mal à choisir une autre destination que l’australie pour l’instant ahah.

– Sponsorises-tu des riders ou rideuses ?

Je sponsorise une petite miss au nom de Gabrielle Suky qui a 14ans, avec beaucoup de potentiel ! je suis fière de la suivre 🙂

– Les news c’est que tu as lancé une petite collection textile, comptes tu l’agrandir ? Où pourrons nous acheter tes fringues ?

J’aime diversifier la marque en proposant quelques goodies, j’ai d’abord eu de la Wax en collab avec Greenfix, puis t-shirts et casquettes. Pour l’instant ça se limite à quelques modèles car c’est un essai, et si ça plait je m’y pencherai d’avantage afin de proposer des modèles bien cool ! Pour l’instant on peut les trouver à l’atelier, mais très rapidement je vais les mettre en ligne sur mon site internet !

– Sinon avec quoi préfères tu surfer? Tu surfes avec tes planches ?

Comme on dit : ” Les cordonniers sont les plus mal chaussés ! ”  Alors oui je surfe mes planches, mais je surfe de vieilles planches que j’ai faite à mes débuts auxquelles je tiens particulièrement. Je profite de l’Australie pour m’en shaper une nouvelle à chaque fois, sur laquelle je teste de nouvelles choses jamais faites auparavant. Cela me permet de savoir comment elle réagit et si je la reproduis ou non.  Je surfe que des longboards et des singles .. J’apprécie le style de glisse que ça me procure, et sincèrement j’ai abandonné le côté radical du shortboard depuis pas mal d’années.

– Du coup, que conseillerais-tu à une nana qui aimerait faire le même métier que toi ?

Pour ma propre expérience, je conseille de ne pas s’arrêter aux critiques qui ne sont pas constructives, de faire les choses correctement, dans l’ordre et surtout de ne jamais abandonner si ce métier vous tient à cœur ! C’est un métier loin d’être facile, et c’est en faisant que l’on apprend, alors patience… FONCER SANS SE RETOURNER !

Merci Marion de véhiculer d’aussi belles valeurs, que l’on partage également, et qu’on a envie de transmettre !

Si tu souhaites suivre son travail,
c’est en cliquant sur ces liens:


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